A priori, rien ne prédestinait Grégory Le Heurt à arpenter la Colombie à la rencontre des producteurs de cacao. Mais après l’obtention de son Global MBA-EDHEC et une carrière "corporate" pendant laquelle il a exercé diverses fonctions exécutives dans différents secteurs d’activités (métallurgie, imprimerie de luxe, e-commerce et technologies de l'information et de la communication), il change de vie pour créer en 2016 une entreprise sociale baptisée “La Finca Brava”, désireuse d'œuvrer dans le développement rural de la Colombie, plus particulièrement dans les zones de post-conflits.
Au cœur de cette démarche, le cacao et les milliers d'agriculteurs qui en vivent. "La Colombie a connu un fort exode rural, avec des exploitations qui étaient laissées à l'abandon, explique Grégory Le Heurt, et le premier travail a été de redonner envie aux producteurs et aux jeunes et de leur montrer qu'ils pouvaient vivre dignement de leur activité".
Accompagner les petits producteurs
L'année suivante, il a mis en place un programme d'accompagnement de ces producteurs, mettant à leur disposition une équipe d'agronomes et de techniciens pour leur apporter des éléments de connaissance sur le contexte économique de la production, et les sensibiliser aux bonnes pratiques agroécologiques. Pour ce faire, il a parcouru toutes les régions de la Colombie, établissant des rapports privilégiés avec de nombreuses institutions publiques, des entités privées, des ONG, des agences de coopération internationale, et surtout des communautés cacaoyères locales. L'occasion pour lui d'appréhender de manière très fine le contexte culturel et social lié au cacao.
"Au départ, je me souviens expliquer aux producteurs qu'ils avaient tout à gagner à faire des efforts sur la qualité et sur les rendements en améliorant notamment leurs pratiques agricoles et en changeant leurs pratiques culturelles. Plutôt que de simplement récolter le fruit une fois mûr et le vendre au plus offrant pour assurer leur revenu et leur survie. Mais sans accompagnement, structures et des équipes techniques sur place, à quoi bon ?".
Contribuer à la transformation sociale et environnementale de la Colombie
De plus, Gregory Le Heurt souhaitait apporter un nouveau modèle de relations entre les acteurs de la chaîne de valeur. L’essentiel au point de départ était de formuler un modèle qui contribue à la transformation sociale, économique et environnementale du pays et de ses populations cacaocultrices, au lieu de se limiter au sourcing qui n’aurait amené aucune valeur ajoutée.
De là ont surgi cette vision et cette conviction pour la construction d’une filière courte, éthique, durable, de qualité premium. "Tout comme nous avons su construire et protéger nos belles filières viticoles, nous devions avoir une filière cacao qui crée de la valeur pour les producteurs et les consommateurs, résume-t-il. Aujourd’hui nous offrons les modèles de culture les plus avant-gardistes du pays, au sein de terroirs et de climats répondant parfaitement à la production de cacao et avec les meilleures génétiques colombiennes !".
La filière rémunère ses producteurs entre 30 et 70% au-dessus des prix du marché, ce qui permet d’assurer une qualité constante et d’accroître les volumes de production. En contrepartie de ces bonifications, l’exigence est de rigueur, ce qui professionnalise davantage les cacaoculteurs. Quant à la qualité, ces derniers ont des centrales de valorisation du cacao avec des techniciens qui s’occupent d’appliquer les protocoles que leurs équipes ont mis en place dans chaque zone.
Développement durable et impact social
Poursuivant sa démarche, Grégory Le Heurt donne naissance en 2020 à l'entreprise Cacao de Colombie, domiciliée à Saint-Paul-en-Forêt, pour finaliser la construction de la filière d’un continent à l’autre. Et depuis 2022, il assure l'interface entre les producteurs colombiens et les acheteurs français et européens, garantissant à ces derniers un approvisionnement qualitatif sur tous les aspects, aussi bien sur celui du goût que sur l'impact écologique et social.
Aujourd'hui, Cacao de Colombie fournit plusieurs chocolatiers en France, de Lyon à Paris en passant par Strasbourg et Marseille, mais également en Italie et en Hollande, où est installé son distributeur - le pays est considéré comme le principal hub en matière de transactions sur le cacao - et veut commencer à s'attaquer à d'autres marchés européens.
Adhérent du club Var Access, Grégory Le Heurt a présenté son parcours en tant qu’entrepreneur social lors de la Journée de l'Entrepreneur le 3 octobre au Palais des Congrès de Saint-Raphaël. Il organisera également prochainement le lancement officiel de sa filière avec le soutien et l’accompagnement de la CCI du Var. Un évènement qui permettra aux professionnels de l’industrie du territoire de se familiariser aux principes qui portent la filière "Cacao de Colombie" et découvrir et déguster - sans modération - des produits chocolatés issus de cette même filière.
Consultez le site de Cacao de Colombie.